20 mars 2015
Une histoire de la Francophonie
Le terme
« francophonie » est apparu vers la fin du XIXe siècle, pour décrire
l’ensemble des personnes et des pays utilisant le français. Il acquiert son
sens commun lorsque, quelques décennies plus tard, des francophones prennent
conscience de l’existence d’un espace linguistique partagé, propice aux
échanges et à l’enrichissement mutuel. Des hommes et femmes de lettres seront à
l’origine de ce mouvement. Quoi de plus naturel pour une entreprise adossée à
l’usage de la langue.
PREMIERS PAS
Des écrivains initient
le processus, dès 1926, en créant l’Association des écrivains de langue
française (Adelf) ; suivent les journalistes, regroupés en 1950 au sein de
l’Union internationale des journalistes et de la presse de langue française
(aujourd’hui Union de la Presse francophone) ; en 1955, une Communauté des
Radios publiques francophones est lancée avec Radio France, la Radio suisse
romande, Radio canada et la Radio belge francophone. Cette communauté propose
aujourd’hui, avec une audience sans cesse accrue, des émissions communes
diffusées simultanément sur les ondes des radios membres, contribuant ainsi au
renforcement du mouvement francophone à travers le monde.
En 1960, la première institution
intergouvernementale francophone voit le jour avec la Conférence des Ministres de l’Education
(Confemen) qui regroupait au départ 15 pays. Cette conférence
ministérielle permanente compte aujourd’hui 41 Etats et gouvernements membres.
Elle se réunit tous les deux ans pour tracer les orientations en matière
d’éducation et de formation au service du développement.
Les universitaires
s’en mêlent à leur tour en créant, une année plus tard, l’Association des
universités partiellement ou entièrement de langue française, qui deviendra, en
1999, l’Agence
universitaire de la Francophonie (AUF). L’AUF compte aujourd’hui 677
établissements d’enseignement supérieur et de recherche répartis dans 81 pays.
Elle est l’un des opérateurs spécialisés de la Francophonie.
Le mouvement
s’élargit aux parlementaires qui lancent leur association internationale en
1967, devenue l’Assemblée
parlementaire de la Francophonie (APF) en 1997. Elle regroupe
actuellement 65 parlements membres et 11 observateurs et représente, selon la
Charte de la Francophonie, l’Assemblée consultative du dispositif
institutionnel francophone.
La Conférence des ministres de la
Jeunesse et des Sports (Conféjes), créée en 1969, est, avec la
Confémen, la deuxième conférence ministérielle permanente de la Francophonie.
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L’AVÈNEMENT DE LA COOPÉRATION FRANCOPHONE
"Dans les décombres
du colonialisme, nous avons trouvé cet outil merveilleux, la langue
française", aimait à répéter le poète Léopold Sédar Senghor, ancien
président du Sénégal.
Une formule qui reflète la philosophie des pères
fondateurs de la Francophonie institutionnelle - Senghor et ses homologues
tunisien, Habib Bourguiba et nigérien, Hamani Diori, ainsi que le Prince
Norodom Sihanouk du Cambodge - et qui consiste à mettre à profit le français au
service de la solidarité, du développement et du rapprochement des peuples par
le dialogue permanent des civilisations.
C’est là tout l’objet de
la signature à Niamey, le 20 mars 1970, par les représentants de 21 Etats et
gouvernements, de la Convention portant création de l’Agence de coopération
culturelle et technique (ACCT). Nouvelle organisation intergouvernementale fondée autour du
partage d’une langue commune, le français, chargée de promouvoir et de diffuser
les cultures de ses membres et d’intensifier la coopération culturelle et
technique entre eux. Le projet francophone a sans cesse évolué depuis la
création de l’ACCT devenue, en 1998 l’Agence interouvernementale de la
Francophone et, en 2005, l’Organisation internationale de la Francophonie.
Avec l’ACCT, la coopération
s’engage dans les domaines de la culture et de l’éducation.
Partenaire depuis le
début des années 70 du Fespaco, le Festival panafricain du cinéma et de la
télévision de Ougadougou (Burkina Faso), l’Agence crée en 1988 son Fonds
francophone de production audiovisuelle du Sud qui aura aidé, à ce jour, à la
réalisation de 1400 œuvres de cinéma et de télévision.
En 1986 est inauguré le
premier des Centres de lecture et d’animation culturelle - Clac - qui offrent
aux populations des zones rurales et des quartiers défavorisés un accès aux
livres et à la culture. On en dénombre aujourd’hui 295, répartis dans 21
pays.
En 1993, le premier MASA, Marché des arts du spectacle africain est
organisé à Abidjan (Côte d’Ivoire). Parallèlement, un programme d’appui à la
circulation des artistes et de leurs oeuvres est lancé ouvrant les frontières
aux créations d’arts vivants : théâtre, danse, musique.
En 2001, l’Agence
crée un nouveau prix littéraire, le Prix des cinq continents de la
Francophonie, qui consacre chaque année un roman de langue
française. De grands noms de la littérature francophone s’engagent à ses
côtés : Jean-Marie Gustave Le Clésio, René de Obaldia, Vénus Khoury
Ghatta, Lionel Trouillot font notamment partie du Jury. Des écrivains tels que
Mathias Esnard et Alain Mabanckou, lauréats respectivement en 2004 et 2005,
s’affirment dans la sphère littéraire.
Dans les années 70 et
80, les réseaux francophones s’organisent. Un Conseil international des radios
télévisions d’expression française (CIRTEF) est créé en 1978. Composé
aujourd’hui de 44 chaînes de radiodiffusion et de télévision utilisant
entièrement ou partiellement la langue française, il développe la coopération
entre elles, par l’échange d’émissions, la coproduction et la formation des
professionnels.
En 1979, à l’initiative de Jacques Chirac, maire de Paris, les
maires des capitales et métropoles partiellement ou entièrement francophones
créent leur réseau : L’Association internationale des maires
francophones (AIMF) deviendra, en 1995, un opérateur de la
Francophonie.
En 1984, la chaîne de télévision
francophone TV5 naît de l’alliance de
cinq chaînes de télévision publiques : TF1, Antenne 2 et FR3 pour la
France, la RTBF pour la Communauté française de Belgique et la TSR pour la
Suisse ; rejointes en 1986 par le Consortium de Télévisions publiques
Québec Canada. TV5Afrique et TV5 Amérique Latine voient le jour en 1992,
suivies par TV5Asie en 1996, puis de TV5Etats-Unis et TV5Moyen Orient en 1998.
La chaîne, dénommée TV5Monde depuis 2001, compte aujourd’hui 7 chaînes de
télévision et TV5 Québec-Canada. Transportée par 44 satellites, reçue dans 189
millions de foyers de par le monde, elle constitue le principal vecteur de la
Francophonie : la langue française, dans la diversité de ses expressions
et des cultures qu’elle porte.
UNE NOUVELLE DIMENSION POLITIQUE
Le Sommet des chefs
d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage, communément
appelé "Sommet de la Francophonie",
se réunit pour la première fois en 1986 à Versailles (France), à l’invitation
du Président de la République française François Mitterrand. 42 Etats et
gouvernements y participent et retiennent quatre domaines essentiels de
coopération multilatérale : le développement, les industries de la culture
et de la communication, les industries de la langue ainsi que le développement
technologique couplé à la recherche et à l’information scientifique.
Depuis
1986, 12 Sommets de la Francophonie se sont réunis :
1986 à Paris
(France), 1987 à Québec (Canada-Québec), 1989 à Dakar (Sénégal), 1991 à Paris
(France) initialement prévu à Kinshasa (Congo RD), 1993 à Grand-Baie (Maurice),
1995 à Cotonou (Bénin), 1997 à Hanoi (Vietnam), 1999 à Moncton (Canada-Nouveau
Brunswick), 2002 à Beyrouth (Liban), 2004 à Ouagadougou (Burkina Faso), 2006 à
Bucarest (Roumanie), 2008 à Québec (Canada-Québec).
Ces concertations
politiques au plus haut niveau ont progressivement renforcé la place de la
Francophonie sur la scène internationale, tout en élargissant ses champs d’action
et en améliorant ses structures et modes de fonctionnement.
Pour être plus conforme
à la dimension politique qu’elle a acquise, la Francophonie est dotée sur
décision du Sommet de Cotonou (1995, Bénin) d’un poste de Secrétaire général,
clé de voûte du système institutionnel francophone. Le premier Secrétaire
général est élu au Sommet de Hanoi (Vietnam) en 1997, en la personne de Boutros
Boutros-Ghali, ancien Secrétaire général des Nations unies – il occupera ce
poste jusqu’en 2002. Au cours de ce même Sommet, la Charte de la Francophonie,
principal texte de référence, est adoptée.
Abdou Diouf, ancien Président de la
république du Sénégal, est élu Secrétaire général de la Francophonie
au Sommet de Beyrouth en 2002. Il impulse une nouvelle dynamique à l’Organisation
dans ses deux volets : les actions politiques et la coopération pour le
développement. Une nouvelle Charte de la Francophonie adoptée par la Conférence
ministérielle à Antananarivo (Madagascar) en 2005, rationalise les structures
de la Francophonie et ses modes de fonctionnement et consacre l’appellation
d’Organisation internationale de la Francophonie.
A la culture et à
l’éducation, domaines originels de la coopération francophone, se sont ajoutés,
au fil des Sommets, le champ politique (paix, démocratie et droits de l’Homme), le
développement durable, l’économie et les technologies numériques. L’Institut de
l’énergie et de l’environnement de la Francophonie voit le jour à Québec en
1988 et un Institut des nouvelles technologies de l’information et de la
formation doté d’un Fonds des inforoutes remplace l’Ecole internationale de
Bordeaux en 1998.
Dans le domaine capital
de la promotion de la démocratie, l’OIF envoie sa première mission
d’observation d’un processus électoral en 1992, lors des présidentielles et
législatives en Roumanie. L’assistance électorale offerte en réponse à la
demande des Etats concernés, ne se limite pas à l’observation des scrutins.
Elle englobe divers appuis institutionnels et juridiques, la formation des
personnels électoraux, l’assistance technique et matérielle.
En 2000 au Mali,
la « Déclaration de Bamako », premier texte normatif de la
Francophonie en matière de pratiques de la démocratie, des droits et des
libertés est adoptée. La Francophonie se dote ainsi de pouvoirs contraignants
face à ses membres qui ne respectent pas les valeurs démocratiques communes.
AU PLUS PRÈS DES POPULATIONS
Avec les premiers Jeux
de la Francophonie en 1989, la Francophonie institutionnelle prend une
dimension populaire et se met à l’écoute de la jeunesse : le Maroc
accueille 1700 jeunes de 31 pays francophones autour de concours culturels et
sportifs. Depuis, les jeux se tiennent tous les quatre ans : France
(1994), Madagascar (1997), Canada-Québec (2001), Niger (2005) et Liban (2009).
Une Conférence
francophone des organisations internationales non gouvernementales tenue en 1993 avec la
participation de 31 OING accréditées auprès des instances de la Francophonie
associe désormais la société civile au processus d’élaboration, de réalisation
et d’évaluation de la coopération multilatérale francophone. La Conférence des
OING se réunit tous les deux ans sur convocation du Secrétaire général de la
Francophonie. En 2012, 67 organisations internationales non gouvernementales et
autres organisations de la société civile, intervenant dans les divers champs
d’activité de la Francophonie sont accréditées.
Un long chemin a été parcouru depuis les premières réunions
d’écrivains francophones, à l’aube du siècle dernier, jusqu’à la diffusion de
leurs ouvrages, aux quatre coins du monde, dans les bibliothèques installées
par l’OIF. Rendons grâce à la bonne volonté de tous ceux et celles qui ont fait
et continuent de faire vivre la langue française et de défendre les valeurs la
Francophonie.
Pour autant, de nouveaux défis attendent la Francophonie :
parfaire l’intégration de tous les pays francophones dans une mondialisation
plus heureuse et poursuivre le combat pour le respect de la diversité
culturelle.
Source: OIF
http://www.francophonie.org/Frise-historique-interactive-de-la.html

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