9 mai 2012, journée de l'Europe











L'unité européenne sans l'uniformité


"La France et l’Allemagne sont essentiellement l’Europe.
L’ Allemagne est le cœur ; la France est la tête. […]
Le sentiment et la pensée, c’est tout l’homme civilisé. "


Victor Hugo


        En 1945, afin que ne se reproduise jamais l’horreur qui venait d’être vécue dans le contexte du nazisme, l’Europe choisit de codifier des droits fondamentaux, accessibles à tous, juridiquement garantis. De cette exigence naquit le 5 mai 1949 le Conseil de L’Europe, véritable conservatoire de la conscience démocratique européenne, faisant de la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales l’axe prioritaire de son action.

Plus récemment, le Conseil de l'Europe a mis en place une Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (dénommée "ECRI"), composée de membres indépendants. Ladite Commission publie régulièrement des évaluations des phénomènes de racisme et d’intolérance dans les pays membres du Conseil de l’Europe.

Dans son dernier rapport en date du  3 mai 2012, l'ECRI avertit que les pays européens doivent apprendre à gérer la diversité, sous peine de se priver d'un riche vivier de talents économiques.
Le rapport énonce que " Le discours xénophobe se banalise désormais dans le débat et les extrémistes utilisent de plus en plus les médias sociaux pour diffuser leurs points de vue... ".

Le nouveau Président de l’ECRI, Jenö Kaltenbach, a ajouté que:" les gouvernements doivent se rendre compte de la nécessité impérieuse de réagir contre le racisme pour construire des sociétés fortes... Une société plus juste profite à tous. Il faut contrer les stéréotypes négatifs généralisés. La richesse et la diversité culturelles ont profité aux sociétés européennes tout au long de leur histoire ; il est capital de résister au racisme pour préserver l’avenir de l’Europe ».

Rappelons à cet égard que la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l'égalité, l'État de droit et le respect des droits de l’homme constituent le socle fondateur de l'Union européenne. D'où la naissance en l'an 2000 d'une des devises clés de l'Europe : "unie dans la diversité". Cette devise signifie que, au travers de l’Union européenne, les Européens unissent leurs efforts en faveur de la paix et de la prospérité, et que les nombreuses cultures, traditions et langues différentes que compte l’Europe constituent un avantage pour le continent.

        Certes, depuis la politique d’ouverture de l’Europe aux étrangers dans les années 1930, le Vieux Continent annonce qu'il n’a plus les mêmes capacités, ni moyens d’accueil et ce, en raison d'un endettement public des plus critiques.  Sur ce fondement, l’exclusion des étrangers,  toile de fond des partis extrémistes européens, est apparue graduellement en Occident comme la réponse à la sinistrose ambiante. Cependant, face à la résurgence des extrêmes en Europe, appelons à la vigilance citoyenne dans l'hexagone, notamment lorsque le parti d'extrême droite déclare que "la France est le pays européen comptant le plus de ressortissants étrangers et dès lors, il convient d'arriver à un taux d'immigration zéro".

En 2010, selon Euractiv, le plus grand nombre d'étrangers ne se situait pas en France mais en Allemagne avec 7,1 millions de personnes, puis en Espagne avec 5,7 millions, au Royaume-Uni  avec 4,3 millions. Selon les chiffres de l’INSEE, 3,8 millions de ressortissants étrangers résidaient en France la même année.   Parmi les États membres de l’Union, le pourcentage le plus élevé de population étrangère se trouve au Luxembourg (42% de la population totale), suivi de la Lettonie (18%), de Chypre et de l’Estonie (16% chacun), de l’Espagne (12%) et de l’Autriche (10%). En revanche, en Pologne, en Roumanie, en Bulgarie et en Slovaquie, les chiffres ne dépassent pas les 1%, voir moins. En France, le taux s'établit à 5,8%, soit plus d’un point en dessous de la moyenne communautaire. En ce qui concerne les naturalisations, la France a effectué 137 000 naturalisations en 2008. Les chiffres du Royaume-Uni (129 000 personnes) et de l’Allemagne (94 000) sont eux aussi élevés (1). 

Dans le contexte de rejet actuel, soulignons que l’intégration des personnes issues de l’immigration est considérée par le gouvernement allemand comme l’une des priorités de son action. Au premier plan de cette action se placent les conditions suivantes: l’insertion dans le marché de l’emploi, l’apprentissage de la langue et l’éducation. Ces facteurs demeurent incontournables à l’intégration d'étrangers de civilisation, de tradition, de couleur différentes afin de tendre vers le Vivre ensemble. Depuis 2006, la chancelière Angela Merkel, soucieuse de l'application de ces conditions convie à un sommet chaque année les représentants de tous les groupes de la société civile concernés par l’intégration, associations d’immigrés comprises.

Dès lors, entre d'une part, une diabolisation, une haine, une exclusion systématique de l'étranger prônées par les uns, et d'autre part, l'accueil, l'intégration, le développement solidaire excessif préconisés par les autres, sans doute, relèverait-il du bon sens, d'opter en France, comme en Europe, pour une juste voie du milieu en la matière, s'inspirant notamment du modèle allemand.
L'adoption d'un plan national d'intégration en France et dans tout territoire européen s'impose indubitablement en 2012.

        En tout état de cause, ensemble, déconstruisons les politiques extrêmes, les antiennes erronées, les propagandes réductrices, le négationnisme dépassé qui mettent en péril toute forme de cohésion sociale en Europe, qui instillent la peur de l'Autre, toute catégorie de Différents, d'Etrangers, confondue, groupes d'immigrés en situation légale, illégale et minorités historiques plus anciennes.

Solidaires, encourageons vivement l’engagement actif de tous les  Européens afin d'élever et d’élargir une véritable culture de paix, de Vivre ensemble avec nos différences, dans le respect de nos valeurs européennes mais aussi de nos références républicaines dans l'Hexagone.

L'idéal de l'humanité est son unité. Tout système d'unification devrait avoir pour vocation à respecter le principe de la diversité sans imposer un nivellement absolu dans l'uniformité. L'unité n'est pas l'uniformité.

En ce sens, unissons nos efforts en ces temps incertains afin que la pluralité de cultures, de traditions et de langues différentes que compte l’Europe des 27 constitue autant d'atouts pour le continent.

Vive la diversité en Europe en ce 9 mai 2012 !



Yola MINATCHY






Notes


Pères fondateurs de l'Europe

(1) Rapport du 3 mai 2012 de l'ECRI

(2) Source: www.euractiv.fr

(3) Archives:


Jean Monnet










Source: archives europa.eu



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9 Mai 1950


Le 9 mai est la Journée de l'Europe. Elle concerne tous les citoyens de l'Union européenne, car elle rappelle un certain 9 mai 1950....



Ce jour-là, la presse fut invitée dans le Salon de l'Horloge du ministère français des Affaires étrangères, au Quai d'Orsay, pour une communication de la plus haute importance.



Les premières lignes de la déclaration du 9 mai 1950, rédigée conjointement par Robert Schuman, Ministre français des Affaires étrangères, et son conseiller et ami Jean Monnet, appellent la France, l'Allemagne et d'autres pays européens à mettre en commun leur production de charbon et d'acier pour jeter les premières bases concrètes d'une Fédération européenne.

Salon de l'horloge, Quai d'Orsay, 9 mai 1950

Ce projet prévoyait donc de créer une institution européenne supranationale chargée de gérer les matières premières qui étaient à l'époque la base de toute puissance militaire, le charbon et l'acier. Pour les pays concernés, il impliquait de renoncer à la propriété - jusque-là purement nationale - du "nerf de la guerre". Et cela alors même que ces pays venaient à peine de se déchirer dans un conflit épouvantable, laissant derrière lui d'innombrables ruines matérielles et morales, avec leur lot de haines, de rancunes et de préjugés.

La proposition emporta l'adhésion, et le 9 mai 1950 fut ainsi à l'origine de la construction européenne, ce que les chefs d'Etat ou de gouvernement, lors du Conseil européen de Milan en 1985, ont convenu de commémorer chaque année par une "Journée de l'Europe", qui s'adresse à tous les citoyens de l'Union européenne.



En effet, cette journée ne concerne pas seulement les citoyens des pays fondateurs, mais ceux de l'ensemble des Etats membres, puisque chaque pays qui choisit démocratiquement d'adhérer à l'Union européenne s'engage à respecter les objectifs de paix, de progrès social, de développement économique et de solidarité proposés par la déclaration du 9 mai 1950 dans le vieux rêve d'unir le continent européen. 



Certes l'Europe - ensemble de peuples conscients d'appartenir à une même entité, de partager certaines valeurs et des cultures proches ou complémentaires - existe depuis des siècles. Mais elle s'était développée jusqu'alors sans règles ni institutions, sans dépasser la simple et fragile coopération entre les Etats. Et la conscience de cette unité fondamentale n'avait jamais pu éviter les désastres. Aujourd'hui encore, certains pays qui appartiennent au continent européen mais pas à l'Union européenne ne sont pas à l'abri de tragédies. 



Par ailleurs, ce qui dans les siècles ou les millénaires passés pouvait ressembler à une tentative d'union n'était en réalité que le fruit d'une victoire des uns sur les autres, que le "fédérateur" s'appelât Jules César, Charlemagne ou Napoléon. Leurs constructions ne pouvaient durer, car les vaincus n'avaient qu'une aspiration : recouvrer leur autonomie.



L'ambition est aujourd'hui tout autre. Cependant, comme toute oeuvre humaine d'envergure, l'intégration de l'Europe ne peut se construire en un jour ni même en quelques décennies. D'autant que l'entreprise amorcée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale est sans précédent dans l'histoire. Il s'agit, en effet, de bâtir une Europe qui respecte la liberté et l'identité de chacun des peuples qui la composent, tout en appliquant le principe selon lequel ce qui peut être mieux fait en commun doit l'être. Car seule l'union des peuples peut garantir à l'Europe la maîtrise de son destin et son rayonnement dans le monde.

Source: Commission européenne


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Journée portes ouvertes des institutions européennes 2012
Venez célébrer la fête de l'Europe !
A Bruxelles,
le 12 mai prochain !


Le samedi 12 mai, Bruxelles et son quartier européen célèbrent la 20e édition de la Fête de l’Europe!

Pour marquer l’événement, les institutions européennes vous ouvrent grand leurs portes.
Une journée riche en surprises vous attend de 10h à 18h:

        -visite des bâtiments officiels,
        -débats et stands d'information,
        -animations,
        -village d’activités pour enfants,
        -danses, musiques et arts de rue.

Organisée depuis 20 ans dans l’esprit de la déclaration Schuman du 9 mai 1950.




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