20 décembre 1848, abolition de l'esclavage à La Réunion

Notre identité, notre combat


20 décembre une date symbolique pour la Réunion. Symbole d'une liberté donnée. Dès lors les règles du jeu étaient encore fixées par un autre système où l'esclave restait objet et n'accédait pas à la condition de sujet. Il en a été de même jusqu'à aujourd'hui. Le Réunionnais est resté, pour les maîtres de la colonie, un enfant incapable de s'émanciper. Infantilisé par l'histoire, infantilisé par le pouvoir politique, on a ancré dans l'imaginaire collectif le mythe du père. Papa Vergès ou papa Debré n'étaient que les deux revers d'une même médaille faisant perdurer, sous un vernis de lutte, un seul et même système séculaire. Pourquoi avoir créé la banque de la Réunion pour indemniser les propriétaires d'esclaves ? En somme, pourquoi avoir maintenu l'écart absolu entre maître et esclave ? Là où une révolte responsable aurait balayé cette hiérarchie, le 20 Décembre 1848 a maintenu les descendants d'esclaves dans la condition de subordonnés. Cet état de fait obligeant les Réunionnais à courir après l'égalité républicaine. D'aucuns critiquent Toussaint Louverture et le mauvais exemple d'Haïti pour une fois de plus instiller la peur chez l'esclave que nous sommes tous. Pourtant l'accession au pouvoir d'un homme portant en lui l'ADN de l'Afrique était déjà un début de réponse à une question identitaire : l'homme noir peut il être dominant ou est t'il condamné à être dominé ? A la Réunion, cette question ne s'est jamais posée. L'homme noir, et ses descendants au brassage génétique infini, est de fait dominé. Les "luttes" économiques, politiques et identitaires ont donc été menées par les maîtres d'hier se nommant Barau, Chateauvieux ou Vergès. Les descendants du continent africain n'ayant, pour repère identitaire, qu'un miroir trompeur n'ont eut d'autre choix que de prendre le train en marche. La forme de la lutte les écartait dès lors de l'avant garde. L'utilisation d'une parole savante à l'apparence révolutionnaire aliénait une fois de plus ces mêmes opprimés qui ne savaient que "courir après". Aujourd'hui encore nous courons après. Et lorsque nous "rattrapons", on nous annonce que les règles du jeu ont changé. Lorsque aujourd'hui un jeune réunionnais d'une vingtaine d'années accède pour la première fois dans l'histoire familiale au graal des études supérieures, des générations avant lui, le Français continental passait par la même voie d'ascension sociale. Et lorsque ce jeune réunionnais rattrape l'injustice qui lui était faite, en terme "d'ascension sociale", il se voit frapper du sceau de la banalité d'un diplôme universitaire. Situation qui le condamne à la désillusion sociale. Alors à quoi sert de courir après si ce n'est pour arriver à point ? Pourtant la notion d'ascenseur sociale est une image assez explicite. Ainsi s'il existe des étages supérieurs auxquels peut mener cet ascenseur sociale, il existe un rez de chaussée souvent réservé aux retardataires et aux handicapés de l'histoire. Nous vivons tous sur des mythes. Le mythe de l'immortalité ou croire qu'une situation donnée est éternelle. Croire tout simplement que les arbres montent jusqu'au ciel. Pourtant des solutions existent mais elle exige de nous de changer de paradigme, de faire tomber les murs de nos prisons mentales. Faut il encore rappeler, tel un truisme, que l'argent ne manque pas à la Réunion ? Que notre problème fondamental est un problème identitaire et non monétaire ? Que notre peuple a soif de reconnaissance ? Une reconnaissance d'abord "endogène " afin de mettre fin à l'insécurité identitaire dans laquelle nous nous trouvons. Nous valoriser entre nous pour enfin mettre fin à des modèles familiaux destructeurs hérité du temps sombre de l'esclavage. La reconnaissance "exogène" de la France est elle aussi nécessaire mais pas suffisante. Cette question ne nous appartient pas. Elle appartient à la France avec un grand F. Quand est ce que tout Français sortira de l'héritage génétique en faisant sien l'héritage historique ? Quand est ce que l'inconscient collectif intègrera l'héritage de l'opprimé et non plus seulement l'héritage de l'oppresseur ? En tant que Réunionnais je porte en moi l'héritage de l'opprimé et l'héritage de l'oppresseur. En tant qu'humain porteurs d'idéaux, j'ai choisi d'accepter le passif et l'actif de l'héritage de l'opprimé. Cet héritage est celui de l'homme noir.

Didier Vaïtilingom

10 Décembre 2011, Journée internationale des Droits de l’Homme

Le droit à la terre est-il un droit de l’Homme ?


Le mouvement Ekta Parishad, crée par Rajagopal, disciple de Gandhi, œuvre depuis 1991 afin de solliciter par des actions collectives l'application de lois visant la redistribution équitable des terres et des ressources naturelles en faveur des populations marginalisées et discriminées : la terre, l’eau, la forêt, les ressources de base.

Ekta Parishad soutient différentes communautés pour qu'elles gèrent de manière autonome et durable leurs ressources économiques et naturelles. Différentes méthodes sont usées dont la participation civique, les formes de lutte non violentes, par exemple, les marches afin de sensibiliser les gouvernements.

Depuis le 2 octobre 2011, Rajagopal a entrepris une longue marche d'un an,; elle se poursuit actuellement à travers les villes et les villages de l'Inde, pour être à l'écoute de tous ceux qui se mobilisent pour plus de justice en faveur des adivasis (les tribaux), des dalits (les intouchables) et des sans terre.

Ekta Parishad célèbrera en 2011 la journée des droits de l’Homme avec une importante communauté de Dalits sans-terre dans le Maharashtra en Inde dans le cadre de la Jan Samwad Yatra.

Le mouvement organise aussi une journée sur Internet le 10 décembre 2011, à travers un débat sur le Portail de la Terre. Chacun est invité à poster ses commentaires sur le Droit à la terre et les Droits de l’Homme à cette adresse : landportal.info/ are-land-rights-human-rights

Le but de ce débat est de recueillir des informations en matière de droit comparé sur les situations du Droit à la terre dans différents pays, notamment francophones. Vous pouvez poster des commentaires libres ou répondre à trois questions :

1.Est-ce que les droits à la terre (pour les plus pauvres) sont considérés comme des droits humains dans votre pays?

2.Est-ce que les violations en matière de terre sont envisagées comme des droits à la terre ou inversement? Y-a-t-il des cas intéressants que vous souhaitez partager?

3.Est-ce que beaucoup de défenseurs des droits de l’Homme souffrent de la perte de leurs droits civils à cause de leur activité militante sur des questions de terre?

Un rapport sera rédigé sur base des résultats et il sera partagé dans l’objectif de fonder le plaidoyer dans le cadre de la campagne du Mouvement mondial pour la Terre 2012 :

www.southsouthsolidarity.org

Ekta Parishad
Website : ektaparishad.com



© Ekta Parishad

Différents membres des Jeunes Juristes Francophones iront en cette fin 2011 soutenir Rajagopal en Inde dans sa longue marche non violente en faveur du droit à la terre.

Lire :

http://www.tamadi.org/files/evenements/parolepartenaireinde.pdf

http://www.france-fdh.org/galerie/inde/ekta-parishad

Voir :

Nonviolent Action from Ekta Parishad on Vimeo.






Rajagopal. © Ekta Parishad

Un lieu de légendes



Le Palais de Justice de Bruxelles


Plus grand que la Basilique Saint-Pierre de Rome, le Palais de Justice domine le panorama Bruxellois. Les travaux ont débuté en 1866, sous le règne de Léopold II, et le Palais fut inauguré le 15 octobre 1883 en présence du roi Léopold II. Sa superficie totale est de 52 464 m2 pour une surface bâtie de 26 006 m2 (contre 22 000 m2 pour la Basilique St-Pierre de Rome). Sa construction fut l’objet de multiples intrigues politiques, complots et péripéties techniques et artistiques.

Il était à l’époque le plus grand édifice du monde historique et reste aujourd’hui encore l’un des plus grands bâtiments de pierres de taille de la planète et est actuellement le plus grand palais de justice du monde. Bien des questions demeurent sur ce chantier qui a vu son budget dépasser les 15 millions d’euros pour une estimation initiale de 1 million à peine. La démesure du chantier, et la liberté laissée à l’architecte d’outrepasser presque toutes les règles initialement imposées, reste un mystère insolvable.

Un quartier entier — mal famé, dit-on — fit place à sa construction à la fin du XIXe siècle. Les petites gens déplacées n’eurent d’autre revanche que le sobriquet dont ils parèrent l’architecte Joseph Poelaert dans le patois bruxellois des Marolles : schieven architek, qu’on pourrait traduire à peu près par « architecte de guingois ». Aujourd’hui, ces deux mots restent une insulte utilisée par les personnes pratiquant ce dialecte. Une autre version explique que les chefs de chantier et les architectes étaient des Anglais et que leur titre était « Chief-Architect » ce qui aurait pu donner skieven architek.

De style éclectique, ses colonnades titanesques, ses pilastres, ses entablements abritent en partie du vide. Le but n’était sans doute pas de réaliser une construction pratique mais de donner de la Justice une image plus écrasante que transparente.

Il fut le plus grand bâtiment de pierre en Europe jusqu’à la construction du palais de Ceausescu en Roumanie à la fin du XXe siècle.

Le gigantisme du lieu et les symboles étranges qui se nichent un peu partout ont inspiré des artistes tels que François Schuiten. Beaucoup de théories sur l’interprétation des symboles qui truffent ce bâtiment existent. Il serait d’ailleurs toujours aujourd’hui le lieu de réunions de sociétés secrètes, directement liées à l’histoire du Palais.

Une réplique de ce palais fut construite à Lima, capitale du Pérou entre 1929 et 1937. Néanmoins les proportions de l’édifice de Lima sont plus largement plus modestes qu’à Bruxelles. Par ailleurs, la coupole initialement prévue ne fut finalement pas construite.


Auteur : Avocats Bruxelles

Le portail de la Justice et des avocats bruxellois et belges
:

http://avocatsbruxelles.com

Suite au débat lancé sur l’avenir du Palais de Justice de Bruxelles, les Jeunes Juristes Francophones vous invitent à signer la pétition électronique en ligne sur le site du barreau de Bruxelles afin que notre magnifique palais demeure un symbole de justice dans la cité pour les citoyens :

http://www.barreaudebruxelles.be/index.php?option=com_content&view=article&id=119:lavenir-du-palais-de-justice&catid=91:consultez-les-autres-archives&Itemid=155

http://www.vialupo.com/brusel/index.html







5 juin 2011, journée internationale de l’environnement




Vers un modèle financier plus écologique


Longtemps la finance a cru qu’elle pouvait dénier l’écologie. Mais la récente crise économique mondiale a sonné le glas des antiennes surannées en la matière.

Rappelons qu’en 2008, les pays occidentaux ont du s’endetter en investissant plus de 1000 milliards de dollars dans les banques afin de les sauver de la faillite ; de même, plus de 3000 milliards de dollars ont été injectés dans un plan de relance de l’économie (1).

Dans une ère de dettes publiques abyssales, une époque où des milliards d’êtres humains meurent de faim et n’ont pas accès à l’eau potable sur la planète, était-il fondamentalement indispensable de sauver en priorité le déficit des banques des pays industrialisés avec « l’argent des contribuables » (2)?

Si en 2011, la Chine a quasiment remboursé sa dette publique et que l’Inde est en voie de l’achever, inversement, de la Grèce au Portugal, de l’Espagne à la France en passant par l’Irlande, des plans d’austérité ont dû être mis en œuvre afin de compenser le gouffre financier public amplifié par la sauvegarde des banques. L’Europe financière est toujours en crise, le processus de déclin de son économie est un fait avéré. La situation demeure d’une gravité sans précédent depuis la fin de la seconde guerre mondiale. D’où la nécessité d’une nouvelle ère d’investissement.

Politique de rigueur ou relance, dans la bataille mondiale pour une finance différente, plus responsable, plus éthique, plus écologique, la distribution de l’argent par les banques est le nerf de la guerre. Selon les banques, l’argent est généralement investi dans un circuit choisi en fonction de sa rentabilité. Comment les banques distribuent-ils votre argent (3) ? L’argent que vous déposez sur vos comptes courants, vos livrets d’épargne, même les montants les plus infimes, « ne dort pas » dans vos agences bancaires. Dans certaines banques, votre argent ira financer à votre insu des secteurs se révélant nuisibles à la planète, aux peuples tels que des prêts pour de nouvelles centrales nucléaires, des plateformes pétrolières, gazières, des multinationales aux objectifs mondialement controversés. Les conséquences du financement de ces projets ont pour corollaire nombre d’effets dévastateurs : production de déchets hautement radioactifs, toxiques, menaces sur la biodiversité terrestre et marine, extermination de certaines communautés pour la construction d’oléoducs, pollution des eaux, accroissement d’un effet de serre des plus délétères, etc…

Des données précises publiées par banque attestent aujourd’hui de l’inanité criante du modèle financier ambiant : à ce propos, il convient de se référer à l’impact carbone des banques françaises les plus polluantes voire radioactives.











L’étude de ce graphique, dont les calculs ont été faits pour HSBC Holdings, nous enseigne que si toutes les banques n’ont pas le même impact carbone, elles n’ont pas non plus les mêmes valeurs (4).

Relevons que les trois premiers établissements bancaires, adhérant à des mécanismes financiers les plus éthiques et écologiques, sont La Nef, le Crédit coopératif et la Banque de la Poste. Ces banques replacent véritablement l’humain, l’écologie au cœur du circuit financier. L’argent que vous y déposez fait l’objet d’une gestion responsable : il subventionne, de manière transparente, des initiatives durables. Ces trois institutions financières mettent, de surcroît, un point d’orgue à canaliser l’argent vers des projets pourvoyeurs d’emplois.

La Nef, classée premier établissement bancaire éthique en France, a été crée en 1988. Cette coopérative de finances solidaires développe des initiatives avec votre argent en s'inspirant d'un modèle de développement durable dans sa production de richesse et dans sa distribution.

En effet, en 2009, 70% des prêts accordés par La Nef, ont été consacrés à la création d’entreprises à vocation écologique, par exemple dans le domaine de la construction d’éco-quartier, le développement de l’agriculture locale et biologique, les énergies propres, les centres de formation à l’éco- construction, les épiceries biologiques ; 30% des prêts ont été investis à la création d’entreprises à dimension sociale, d’insertion ou culturelle telles que des restaurants bio ou œuvrant en faveur des plus démunis, des crèches écologiques, des maisons d’édition, etc… La liste et le montant de tous les prêts accordés par La Nef sont publiés chaque année. Dès lors, vous pouvez suivre le chemin emprunté par votre argent avec la plus parfaite transparence (5).

Si nous regrettons que la Nef et le Crédit coopératif, acteurs financiers de choix, n’aient pas encore d’antennes dans les départements d’Outre-Mer français, la Banque de la Poste, classée au troisième rang parmi les banques les plus éthiques de France, y est cependant largement représentée, accessible à tous, avec des taux décents et la mise en place du microcrédit; en ce sens, les initiatives des banques postales ultramarines méritent d’être soutenues.

En Belgique, terre d’accueil des investisseurs internationaux, la banque Triodos a été reconnue, selon une enquête de Test achat, comme la plus éthique, transparente, écologique des banques belges.

Cette banque a aussi pour vocation d’investir l’argent des épargnants et investisseurs dans des projets environnementaux, sociaux, culturels. Notons, à titre d’exemple, qu’en 2007, Triodos a accordé plus de 40 millions d’euros de crédit éolien en France hexagonale; que fin 2010, elle finançait plus de 300 projets européens, internationaux en matière d’énergie renouvelable. En ayant permis la production d’électricité pour 1,2 millions de ménages, Triodos a évité la production de 1,6 million de tonnes de CO2 en 2010 !

Triodos, appliquant un code de conduite éthique stricte, affiche de manière récurrente d’excellents résultats dans la capitale de l’Union européenne. La banque belge a déclaré, par ailleurs, qu’elle n’avait pas été touchée par la crise financière de 2008.

Les racines de la popularité de ces établissements bancaires éthiques, autrefois peu connus, s’étendent progressivement ces dernières années en Europe et ne laissent plus de place à l’hésitation des citoyens informés.

En cette journée mondiale de l’environnement, face à la déconfiture d’un système financier suranné, les Jeunes Juristes Francophones encouragent vivement tout citoyen responsable à quitter les banques les plus nuisibles pour la planète comme pour l’humain et à opter pour un circuit monétaire axé sur des valeurs, sur des projets durables vers une société plus juste. Le respect de la symbiose entre l’Homme et la nature relève de coutumes millénaires qu’il nous appartient de préserver.

Jairam Ramesh, Ministre de l’environnement de l’Inde, et plus récemment Angela Merkel, chancelier fédéral de l’Allemagne, nous ont enseigné qu’il est possible de dire « non » aux projets « rentables » des grandes entreprises ou des multinationales les plus puissantes de ce monde lorsqu’ils sont trop dévastateurs pour les citoyens comme pour l’environnement (6).

Rappelons également les propos de Tim Jackson : « il faut construire une prospérité support de bien être collectif et de justice dans les limites de la biosphère » (7).

Ensemble nous pouvons certainement résister aux abus bancaires nocifs, destructeurs, à l’opacité voire à l’hypocrisie de certains des paradigmes dominants (8). Pour les listes détaillées des financements, prêts, soutiens secrets financés, accordés par votre banque avec votre argent voir : www.secretsbancaires.fr (9)

Le XXIe siècle ne rimera plus avec une finance sans conscience. Le monde a longtemps attendu de savoir et aujourd’hui il sait. Des vérités simples sont de plus en plus accessibles. L’investissement financier libre et responsable représente une chance pour les futurs locataires de la planète. Léguer un monde endetté, sans éthique, aux prochaines générations revient à leur céder, par ce modèle économique périmé, un monde non durable.

En investissant « en bon père de famille », nous avons le pouvoir de soutenir un système bancaire plus éthique loin de certaines dérives dérégulées et débridées du monde la finance, nous pouvons replacer l’humain, l’écologie au cœur de l’économie, et faire émerger une nouvelle conception du monde loin de toute théorisation, de toute sinistrose, de toute utopie.

Le nouveau « Moyen Age » de notre temps, multipolaire et apolaire, est déjà enclenché. Face à l’ampleur de la dette actuelle de l’Occident, gageons que, sans réaction collective, sans force de traction des consciences, son système financier s’oxydera… jusqu’à sa prochaine « Renaissance ».

YM


Références :

(1) Lire « Tous ruinés, dans dix ans », Jacques Attali, Ed. Fayard, 2010 ; Livre de poche 2011.

« L'auteur reconstitue l'histoire de la dette publique des grands pays occidentaux, et montre à quel point son niveau de 2010 fait peser un danger réel sur la démocratie. »

(2) Lire : « Fallait-il sauver les banques », Jannick Alimi, Ed Larousse, 2009.

« À la fin de l'année 2oo8, le gouvernement a débloqué plus de 20 milliards d'euros pour aider les banques françaises à surmonter la crise. Près d'un an plus tard, force est de constater que cet argent n'a pas servi à subvenir aux besoins des entreprises, grandes et petites...Les banquiers ne seraient-ils pas, finalement, les grands bénéficiaires du désastre qu'ils ont provoqué ? »

(3) Lire : « Que font-ils de notre argent », Stanislas Dupré, Ed. Nil, 2010.

« Vous êtes un citoyen modèle comme la planète en a besoin : vous préférez le bio à la junk food, vous prenez le train plutôt que l’avion, et au lieu de vous acheter une nouvelle voiture avec l’héritage de votre grand-mère, vous laissez votre pécule au chaud sur votre compte courant ou un placement sans risque. Erreur ! En faisant cela, vous êtes plus irresponsable que celui qui s’offre un 4x4. Il y a fort à parier en effet que vos économies servent à financer toute une usine, voire une nouvelle plateforme pétrolière en eau profonde. Car ne vous y trompez pas, les dix, cent ou mille euros qui traînent sur vos comptes ne restent pas à votre agence. Ils partent immédiatement pour une course folle à travers le monde dont Stanislas Dupré nous détaille les grandes étapes… ce livre met les pieds dans le plat et dénonce les mauvais élèves du secteur. Cela ne changera rien ? Pas sûr : l’étiquetage écologique des réfrigérateurs et des voitures a profondément modifié ces filières. Pourquoi n’en serait-il pas de même des banques ? »

Voir aussi :


Stanislas Dupré, france-info 02 12 2010 par FranceInfo

(4) Le classement des banques de la moins à la plus polluante

Groupe 1 : impacts positifs
La Nef,
Le Crédit Coopératif

Groupe 2 : risques faibles à modérés
La Banque Postale
Banque Populaire
Caisse d’Épargne
Crédit Mutuel – CIC

Groupe 3 : risques maximum, attention danger !

HBSC
Société Générale
BNP Parisbas
Crédit Agricole

Sources : www.jechangedebanque.org ; www.utopies.com ; www.lesamisdelaterre.org

(5) Sur La Nef : www.lanef.com ;


Sauvons les riches: Je Change de Banque par LeNouveauMonde

Sur Triodos : www.triodos.be

Lire le magazine de Triodos en ligne :


(6) Lire : « The Caravan », Mira Kamdar, New Delhi, 2011; “le mot de l’Inde” pour Courrier international.


(7) Lire : « Prospérité sans croissance » de Tim Jackson, Ed.Etopia et de Boeck, 2010.


(8) Lire : « Mon combat contre les Banques » de Me Daniel Richard, Ed. Max Nilo, 2006.

« Combien de fois vous êtes-vous senti impuissant face à votre banquier ? Daniel Richard est le premier avocat en France à avoir attaqué les grands établissements financiers. Ses procès gagnés depuis 1987 lui ont valu dans la presse le surnom de " Zorro de la défense des épargnants ". Les plus grandes banques françaises (…) gardent toutes un souvenir cuisant de leur confrontation avec l'avocat. Contrairement à beaucoup de ses confrères, Daniel Richard n'a pas choisi de servir les grandes puissances économiques, mais de dénoncer leurs abus et d'aider les clients à se défendre. Mais qui est l'homme derrière le masque de Zorro ? Quelles sont ses méthodes ? Comment est-il devenu en vingt ans la bête noire des banquiers ? Sur le ton de la confession, voici le récit d'un courageux parcours, une plongée dans les coulisses des grandes affaires gagnées par Daniel Richard. Mais l'ouvrage est aussi un guide précis pour mieux démasquer les excès de votre banque et mieux placer son argent ».

Acheter en ligne sur : www.amazon.fr

Voir le blog de Me Daniel Richard, avocat du barreau de Paris spécialisé en droit bancaire :
http://danielrichardavocat.over-blog.com/

(9) Lire attentivement la vérité sur les projets financés en secret par votre banque : www.secretsbancaires.fr et www.banksecrets.eu







Actualité de la francophonie




Confé
rence : Léopold Sédar Senghor père de la francophonie, chantre du dialogue 
interculturel, organisée par la Mairie du 20e arrondissement, sous le haut patronage du 
secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie :



Son Excellence Monsieur Abdou Diouf



La pensée de Léopold Sédar Senghor nous est-elle connue ?
Aujourd’hui, alors
qu’il est enseigné dans les collèges, nous voyons ressurgir, à l’occasion d’une émission
 télévisée ou d’une campagne électorale, des préjugés qu’on croyait enfouis, chassés par la
 sagesse de maîtres tels que Senghor et Césaire, Primo Levi et Claude Levi-Strauss, un choix
 volontairement divers parmi ceux qui ont illustré la diversité et démontré le caractère criminel
 du racisme.


On peut s’interroger sur la plus ou moins grande superficialité avec laquelle nous
 abordons l’œuvre de Senghor, une œuvre amarrée dans le sang et la souffrance, mais qui
 s’ouvre sur le pardon et l’appel à l’amour fraternel. Pour la conférence « Léopold Sédar
 Senghor père de la francophonie, chantre du dialogue interculturel » Mme Frédérique 
Calandra Maire du 20ème arrondissement de Paris, représentée par Mohamed Gassama, adjoint
 à la francophonie, aux relations internationales et interculturelles, est heureuse et honorée
 d’accueillir Monsieur Hamidou Sall, écrivain et poète, fils spirituel de Léopold Sédar Senghor
et conseiller du Secrétaire Général de l’OIF, Son Excellence M. Abdou Diouf.



M. Sall est entre autres l’auteur du recueil de poésie « Rhapsodie fluviale » (ed la cheminante).



La conférence aura lieu à la salle des fêtes de la mairie du 20ème

.



Le 26 mars 2011

de 14 heures à 16h30.



La conférence se terminera par un pot de l’amitié

.


Du 21 au 28 mars, semaine d'actions contre les discriminations raciales


Extrait du Cahier d’un retour au pays natal

Aimé Césaire




Partir.

Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-

panthères, je serais un homme-juif

un homme-cafre

un homme-hindou-de-Calcutta

un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas



l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture

on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer

de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir

de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne

un homme-juif

un homme-pogrom

un chiot

un mendigot



mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la

face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait

dans sa soupière un crâne de Hottentot? (1)




A VOIR
Une Saison chez Césaire
au Théâtre Les Déchargeurs à Paris

du 1er mars au 9 avril 2011





Une manifestation soutenue par l’Organisation Internationale de la Francophonie dans le cadre de 2011, année des Outremers (2).

JJF



Notes :

(1) Césaire Aimé, Cahier d’un retour au pays natal, dans La poésie, pp. 19-20, Paris, Éd. du Seuil, 2006, 554 p.

(2) http://www.billetreduc.com/48938/evt.htm

Des solidarités en Belgique




" Ma patrie, c'est la langue française ".
Albert Camus


Du 12 au 20 mars 2011, notre langue française sera célébrée avec faste en Belgique. Cette année, les festivités sont placées sous l’égide du terme solidarités, ce mot urgent, devenu si indispensable à une fraternité considérée en recul.


La Communauté française de Belgique revêtira à cette occasion ses habits de lumières en jeux de mots afin de s’en aller sur les routes du pays décliner ce thème des solidarités en dix vocables choisis : « accueillant, agapes, avec, chœur, complices, cordée, fil, harmonieusement, main, réseauter ». Les mots sont donc lancés sur les cinq continents. A attraper en vol. A humer. A contempler. Pour créer. Pour réinventer. Pour mieux nous rassembler.
En cette fin d’hiver, les pièces de théâtre, les lectures publiques, les décors urbains, les expositions, la musique du Royaume de Belgique vibreront au son de ces mots « complices », ces mots « qu’on plisse ».(1)

La langue française, ciment de notre espace francophone, comporte certes en Belgique des mots qui lui sont propres, liés à une évolution intrinsèque. Citons, à titre d’exemples, les incontournables « septante » pour soixante-dix, « nonante » pour quatre-vingt-dix ou « chicons » pour endives. Néanmoins, le français parlé par les francophones en Belgique n’est pas distinct du français de France.

Au-delà de toute considération sémantique, il convient de rappeler succinctement, l’évolution historique de la langue française en Belgique, indissociable de la situation politico-économique d’un pays au carrefour des cultures germaniques et romanes.

Le territoire géographique, appelé aujourd’hui Belgique, a été longtemps sous influence étrangère, espagnole, autrichienne, française. Sans existence propre. En 1793, il est annexé par la France, et devient une partie de l’Empire napoléonien jusqu’en 1815.

A la chute de l’Empire, cet espace est rattaché au Royaume des Pays Bas. La Belgique prend son nom actuel et proclame son indépendance vis à vis des Hollandais le 4 octobre 1830. Le prince allemand Léopold de Saxe Cobourg est nommé premier roi du Royaume de Belgique.

En raison de la majorité de francophones en Belgique, le français avait été choisi comme unique langue officielle de la nouvelle Belgique. L’objectif visait également à contrer Guillaume 1er des Pays Bas qui tentait d’imposer le néerlandais.

Le français, langue du lettré, connut alors son apogée dans les milieux administratifs, judiciaires, politiques, militaires, intellectuels, scolaires bien que le peuple eut coutume de s’exprimer dans nombre de dialectes wallons, flamands, picards.

À partir de 1840, les intellectuels néerlandophones travaillèrent à la reconnaissance du flamand afin de protester contre de la suprématie du français. Recevoir des courriers ou être jugés dans une langue que nombre d’entre eux ne comprenait pas leur était inacceptable. Sous l’impulsion du mouvement flamand, le néerlandais sera adopté, comme langue officielle de la Flandre, cinq décennies plus tard, en 1898.

Et c’est la loi linguistique de Vriendt-Coremans en date du 14 juillet 1932 qui réduira le français à la langue officielle de la Wallonie, et le néerlandais à celle de la Flandre. Les lois Gilson de 1962 achevèrent de fixer les frontières linguistiques en Belgique, et tracèrent la route vers le fédéralisme des années 1970.

Le Royaume de Belgique, pays de plus de 10 millions d’habitants, est devenu un Etat fédéré composé de trois Régions (la Région de Bruxelles Capitale, la Wallonie, la Flandre) et de trois Communautés (francophone, néerlandophone, germanophone). Trois langues nationales se doivent de cohabiter officiellement sur ce territoire découpé: le français (qui n’est plus parlé que par 40% de la population belge), le néerlandais (59% de la population), l’allemand (1%), en sus de dialectes et de langues régionales endogènes. Cependant, au sein de cette monarchie parlementaire, la diversité régionale et linguistique provoque des conflits politiques des plus complexes.

Les locuteurs du français sont situés majoritairement en Région wallonne et dans la Région bilingue de Bruxelles Capitale. Notons que la ville de Bruxelles est géographiquement enclavée dans la Région flamande. La capitale compte plus de un million d’habitants de 45 nationalités différentes. En deçà de la présence d’ « eurocrates » propageant l’usage de l’anglais à « Euroville », 15% de néerlandophones et 85% de francophones vivent à Bruxelles. Bien que tout un chacun ait coutume de dire « à Bruxelles, nous entendons, parlons toutes les langues », le français reste encore, à ce jour, majoritairement parlé dans la capitale, malgré certaines politiques réductrices au sein des institutions.

En effet, nous nous souvenons notamment, avec une vive émotion, des récents événements politiques traduisant explicitement une interdiction formelle de s’exprimer en français dans certaines communes de la périphérie bruxelloise à facilité linguistique comme Dilbeek. Le mot d’ordre définitif « Français interdit » n’a pas manqué d’engendrer des situations kafkaïennes pour les francophones résidant sur ces territoires (2).

En juin 2006, une résolution des séparatistes flamands, parti d’extrême droite, sollicite non seulement la scission de la Belgique, mais aussi l’indépendance de la Flandre avec l’incorporation de Bruxelles endéans leurs frontières. Certains réunionistes wallons, minoritaires, répliquent à la demande de scission en proposant une autre thèse : celle du rattachement progressif de la Wallonie et de Bruxelles à la France.

Soulignons que, la Wallonie, une des grandes régions industrielles de l’Europe (charbon, acier, verre), a été longtemps prospère économiquement. Elle porta le dynamisme de toute l’économie belge durant la première moitié du XXe siècle. La Wallonie contribua au décollage d’une Flandre rurale alors en retard de développement. A partir de 1960, le centre de gravité de l’économie belge s’est déplacé de la Wallonie vers la Flandre. Les industries minières de la Wallonie sont entrées en crise. 1960 coïncide aussi avec la fin de l’empire colonial belge : le Congo proclame son indépendance le 30 juin 1960 (3). Le déclin de la situation économique de la Wallonie et de Bruxelles a continué à s’accentuer. L’inégalité de développement entre la Flandre et la Wallonie s’est inversée. La Flandre a rattrapé son retard en misant sur le secteur automobile, textile, chimique, et le commerce maritime facilité par le port d’Anvers. De fil en fil, la Flandre, devenue riche, productive, puissante, s’est intégrée à la mondialisation. Elle génère 80% du commerce extérieur de la Belgique avec un taux de chômage de 5,4 % (11,8% en Wallonie). Mais aujourd’hui, la Flandre déclare qu’elle ne souhaite pas soutenir économiquement la Wallonie en difficulté (4). « Solidarité, reconnaissance, patrie, êtes vous de vains mots ? » s’est-on demandé par delà la frontière linguistique. Entre autres arguments, la Flandre avance, pour sa défense, avoir trop « souffert » avant 1960 de « l’hégémonie des francophones ». « Revanche » répliquent les francophones. Sur l’échiquier de la Belgique, la singularité réside dans le fait que le paradoxe né toujours du paradoxe.

Quoiqu’il en soit, un gouvernement ne pourra être crée en 2011 dans une logique de fédéralisme de concurrence i.e chaque état fédéré perçoit les fruits de l’impôt en fonction de sa richesse propre. Si la synergie économique s’impose, elle demeure pour l’heure abhorrée par les thuriféraires du repli de la Flandre.
D’où une situation politique insoluble, d’autant plus que le referendum n’existe pas encore en Belgique.

Querelles intestines de politiciens, d’intellectuels ? Un éventail des possibles s’est ouvert, l’histoire n’étant jamais écrite à l’avance. Gageons que les thèses antinomiques avancées ne verront guère venir un jour concret. Et ce, en raison de l’attachement indéfectible du peuple belge à leur seule patrie, une et multiple, la Belgique.

Dans le cadre de nos festivités, il convient de rendre hommage à ce peuple confronté au choix de son avenir. Reprenons à cet égard les mots de Jules César « horum omnium fortissimi sunt Belgae » : de tous, les belges sont les plus valeureux.

En ces temps politiquement troublés, les Jeunes Juristes Francophones rappellent que le plus précieux héritage sur le Vieux Continent se nomme la paix. D’où la nécessité de s’investir encore en faveur du Vivre ensemble, du dialogue des cultures qui décloisonne les univers.

Et que vive notre magnifique langue française en Belgique et dans le monde !
A l’heure où les contours des identités fluctuent, notre patrie c’est aussi notre langue.



Yola Minatchy



Notes

(1) Quelques programmes de la semaine de la langue française en 2011

En France : http://www.dismoidixmots.culture.fr/
En Belgique : http://www.lalanguefrancaiseenfete.be/
Au Cambodge : http://www.itc.edu.kh/webitc/
En Inde :
http://www.actupondy.com/fr/component/eventlist/details/89-cinema-alliance-francaise-pondichery
A La Réunion :
http://www.2011-annee-des-outre-mer.gouv.fr/programme/recherche-par-lieu/120/reunion.html
A Maurice :
http://www.facebook.com/group.php?gid=106543429378682&v=wall&viewas=0


(2) Voir la vidéo « interdiction de parler français chez les flamands » où l’humoriste francophone François Pirette « piège » l’administration communale de Dilbeek :
http://www.wat.tv/audio/pirette-interdiction-parler-2ckxt_2exyf_.html

Relevons quant à l’accent dit belge, dont on a toujours fait référence dans l’hexagone, qu'il s’agit de celui du flamand lorsqu’il accepte de s’exprimer dans une langue pour lui étrangère, le français ; ou encore celui des locuteurs du Brusseleir, un parler populaire d’origine brabançon-flamand avec des influences espagnoles et françaises. Les francophones de Bruxelles et de Wallonie ne sont pas concernés par cet accent.

(3) Empire colonial belge : Bankibazar actuelle Ichapur au Bengale Inde (de 1717 à 1731) ; Santo tomas de Castilla au Guatemala (de 1841 à 1854) ; le Congo (1885 à 1960) ; le Ruanda Urundi (1919 à 1960) ; Tianjin en Chine (de 1902 à 1931) ; Isola Comacina en Italie (de 1919 à 1920) .

(4) Pour plus d’informations sur la situation économique de la Belgique, lire :
Flandre Wallonie. Quelle solidarité ? De Michel Quévit aux éditions Couleurs livres.