Actualité de la francophonie




Confé
rence : Léopold Sédar Senghor père de la francophonie, chantre du dialogue 
interculturel, organisée par la Mairie du 20e arrondissement, sous le haut patronage du 
secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie :



Son Excellence Monsieur Abdou Diouf



La pensée de Léopold Sédar Senghor nous est-elle connue ?
Aujourd’hui, alors
qu’il est enseigné dans les collèges, nous voyons ressurgir, à l’occasion d’une émission
 télévisée ou d’une campagne électorale, des préjugés qu’on croyait enfouis, chassés par la
 sagesse de maîtres tels que Senghor et Césaire, Primo Levi et Claude Levi-Strauss, un choix
 volontairement divers parmi ceux qui ont illustré la diversité et démontré le caractère criminel
 du racisme.


On peut s’interroger sur la plus ou moins grande superficialité avec laquelle nous
 abordons l’œuvre de Senghor, une œuvre amarrée dans le sang et la souffrance, mais qui
 s’ouvre sur le pardon et l’appel à l’amour fraternel. Pour la conférence « Léopold Sédar
 Senghor père de la francophonie, chantre du dialogue interculturel » Mme Frédérique 
Calandra Maire du 20ème arrondissement de Paris, représentée par Mohamed Gassama, adjoint
 à la francophonie, aux relations internationales et interculturelles, est heureuse et honorée
 d’accueillir Monsieur Hamidou Sall, écrivain et poète, fils spirituel de Léopold Sédar Senghor
et conseiller du Secrétaire Général de l’OIF, Son Excellence M. Abdou Diouf.



M. Sall est entre autres l’auteur du recueil de poésie « Rhapsodie fluviale » (ed la cheminante).



La conférence aura lieu à la salle des fêtes de la mairie du 20ème

.



Le 26 mars 2011

de 14 heures à 16h30.



La conférence se terminera par un pot de l’amitié

.


Du 21 au 28 mars, semaine d'actions contre les discriminations raciales


Extrait du Cahier d’un retour au pays natal

Aimé Césaire




Partir.

Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-

panthères, je serais un homme-juif

un homme-cafre

un homme-hindou-de-Calcutta

un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas



l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture

on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer

de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir

de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne

un homme-juif

un homme-pogrom

un chiot

un mendigot



mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la

face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait

dans sa soupière un crâne de Hottentot? (1)




A VOIR
Une Saison chez Césaire
au Théâtre Les Déchargeurs à Paris

du 1er mars au 9 avril 2011





Une manifestation soutenue par l’Organisation Internationale de la Francophonie dans le cadre de 2011, année des Outremers (2).

JJF



Notes :

(1) Césaire Aimé, Cahier d’un retour au pays natal, dans La poésie, pp. 19-20, Paris, Éd. du Seuil, 2006, 554 p.

(2) http://www.billetreduc.com/48938/evt.htm

Des solidarités en Belgique




" Ma patrie, c'est la langue française ".
Albert Camus


Du 12 au 20 mars 2011, notre langue française sera célébrée avec faste en Belgique. Cette année, les festivités sont placées sous l’égide du terme solidarités, ce mot urgent, devenu si indispensable à une fraternité considérée en recul.


La Communauté française de Belgique revêtira à cette occasion ses habits de lumières en jeux de mots afin de s’en aller sur les routes du pays décliner ce thème des solidarités en dix vocables choisis : « accueillant, agapes, avec, chœur, complices, cordée, fil, harmonieusement, main, réseauter ». Les mots sont donc lancés sur les cinq continents. A attraper en vol. A humer. A contempler. Pour créer. Pour réinventer. Pour mieux nous rassembler.
En cette fin d’hiver, les pièces de théâtre, les lectures publiques, les décors urbains, les expositions, la musique du Royaume de Belgique vibreront au son de ces mots « complices », ces mots « qu’on plisse ».(1)

La langue française, ciment de notre espace francophone, comporte certes en Belgique des mots qui lui sont propres, liés à une évolution intrinsèque. Citons, à titre d’exemples, les incontournables « septante » pour soixante-dix, « nonante » pour quatre-vingt-dix ou « chicons » pour endives. Néanmoins, le français parlé par les francophones en Belgique n’est pas distinct du français de France.

Au-delà de toute considération sémantique, il convient de rappeler succinctement, l’évolution historique de la langue française en Belgique, indissociable de la situation politico-économique d’un pays au carrefour des cultures germaniques et romanes.

Le territoire géographique, appelé aujourd’hui Belgique, a été longtemps sous influence étrangère, espagnole, autrichienne, française. Sans existence propre. En 1793, il est annexé par la France, et devient une partie de l’Empire napoléonien jusqu’en 1815.

A la chute de l’Empire, cet espace est rattaché au Royaume des Pays Bas. La Belgique prend son nom actuel et proclame son indépendance vis à vis des Hollandais le 4 octobre 1830. Le prince allemand Léopold de Saxe Cobourg est nommé premier roi du Royaume de Belgique.

En raison de la majorité de francophones en Belgique, le français avait été choisi comme unique langue officielle de la nouvelle Belgique. L’objectif visait également à contrer Guillaume 1er des Pays Bas qui tentait d’imposer le néerlandais.

Le français, langue du lettré, connut alors son apogée dans les milieux administratifs, judiciaires, politiques, militaires, intellectuels, scolaires bien que le peuple eut coutume de s’exprimer dans nombre de dialectes wallons, flamands, picards.

À partir de 1840, les intellectuels néerlandophones travaillèrent à la reconnaissance du flamand afin de protester contre de la suprématie du français. Recevoir des courriers ou être jugés dans une langue que nombre d’entre eux ne comprenait pas leur était inacceptable. Sous l’impulsion du mouvement flamand, le néerlandais sera adopté, comme langue officielle de la Flandre, cinq décennies plus tard, en 1898.

Et c’est la loi linguistique de Vriendt-Coremans en date du 14 juillet 1932 qui réduira le français à la langue officielle de la Wallonie, et le néerlandais à celle de la Flandre. Les lois Gilson de 1962 achevèrent de fixer les frontières linguistiques en Belgique, et tracèrent la route vers le fédéralisme des années 1970.

Le Royaume de Belgique, pays de plus de 10 millions d’habitants, est devenu un Etat fédéré composé de trois Régions (la Région de Bruxelles Capitale, la Wallonie, la Flandre) et de trois Communautés (francophone, néerlandophone, germanophone). Trois langues nationales se doivent de cohabiter officiellement sur ce territoire découpé: le français (qui n’est plus parlé que par 40% de la population belge), le néerlandais (59% de la population), l’allemand (1%), en sus de dialectes et de langues régionales endogènes. Cependant, au sein de cette monarchie parlementaire, la diversité régionale et linguistique provoque des conflits politiques des plus complexes.

Les locuteurs du français sont situés majoritairement en Région wallonne et dans la Région bilingue de Bruxelles Capitale. Notons que la ville de Bruxelles est géographiquement enclavée dans la Région flamande. La capitale compte plus de un million d’habitants de 45 nationalités différentes. En deçà de la présence d’ « eurocrates » propageant l’usage de l’anglais à « Euroville », 15% de néerlandophones et 85% de francophones vivent à Bruxelles. Bien que tout un chacun ait coutume de dire « à Bruxelles, nous entendons, parlons toutes les langues », le français reste encore, à ce jour, majoritairement parlé dans la capitale, malgré certaines politiques réductrices au sein des institutions.

En effet, nous nous souvenons notamment, avec une vive émotion, des récents événements politiques traduisant explicitement une interdiction formelle de s’exprimer en français dans certaines communes de la périphérie bruxelloise à facilité linguistique comme Dilbeek. Le mot d’ordre définitif « Français interdit » n’a pas manqué d’engendrer des situations kafkaïennes pour les francophones résidant sur ces territoires (2).

En juin 2006, une résolution des séparatistes flamands, parti d’extrême droite, sollicite non seulement la scission de la Belgique, mais aussi l’indépendance de la Flandre avec l’incorporation de Bruxelles endéans leurs frontières. Certains réunionistes wallons, minoritaires, répliquent à la demande de scission en proposant une autre thèse : celle du rattachement progressif de la Wallonie et de Bruxelles à la France.

Soulignons que, la Wallonie, une des grandes régions industrielles de l’Europe (charbon, acier, verre), a été longtemps prospère économiquement. Elle porta le dynamisme de toute l’économie belge durant la première moitié du XXe siècle. La Wallonie contribua au décollage d’une Flandre rurale alors en retard de développement. A partir de 1960, le centre de gravité de l’économie belge s’est déplacé de la Wallonie vers la Flandre. Les industries minières de la Wallonie sont entrées en crise. 1960 coïncide aussi avec la fin de l’empire colonial belge : le Congo proclame son indépendance le 30 juin 1960 (3). Le déclin de la situation économique de la Wallonie et de Bruxelles a continué à s’accentuer. L’inégalité de développement entre la Flandre et la Wallonie s’est inversée. La Flandre a rattrapé son retard en misant sur le secteur automobile, textile, chimique, et le commerce maritime facilité par le port d’Anvers. De fil en fil, la Flandre, devenue riche, productive, puissante, s’est intégrée à la mondialisation. Elle génère 80% du commerce extérieur de la Belgique avec un taux de chômage de 5,4 % (11,8% en Wallonie). Mais aujourd’hui, la Flandre déclare qu’elle ne souhaite pas soutenir économiquement la Wallonie en difficulté (4). « Solidarité, reconnaissance, patrie, êtes vous de vains mots ? » s’est-on demandé par delà la frontière linguistique. Entre autres arguments, la Flandre avance, pour sa défense, avoir trop « souffert » avant 1960 de « l’hégémonie des francophones ». « Revanche » répliquent les francophones. Sur l’échiquier de la Belgique, la singularité réside dans le fait que le paradoxe né toujours du paradoxe.

Quoiqu’il en soit, un gouvernement ne pourra être crée en 2011 dans une logique de fédéralisme de concurrence i.e chaque état fédéré perçoit les fruits de l’impôt en fonction de sa richesse propre. Si la synergie économique s’impose, elle demeure pour l’heure abhorrée par les thuriféraires du repli de la Flandre.
D’où une situation politique insoluble, d’autant plus que le referendum n’existe pas encore en Belgique.

Querelles intestines de politiciens, d’intellectuels ? Un éventail des possibles s’est ouvert, l’histoire n’étant jamais écrite à l’avance. Gageons que les thèses antinomiques avancées ne verront guère venir un jour concret. Et ce, en raison de l’attachement indéfectible du peuple belge à leur seule patrie, une et multiple, la Belgique.

Dans le cadre de nos festivités, il convient de rendre hommage à ce peuple confronté au choix de son avenir. Reprenons à cet égard les mots de Jules César « horum omnium fortissimi sunt Belgae » : de tous, les belges sont les plus valeureux.

En ces temps politiquement troublés, les Jeunes Juristes Francophones rappellent que le plus précieux héritage sur le Vieux Continent se nomme la paix. D’où la nécessité de s’investir encore en faveur du Vivre ensemble, du dialogue des cultures qui décloisonne les univers.

Et que vive notre magnifique langue française en Belgique et dans le monde !
A l’heure où les contours des identités fluctuent, notre patrie c’est aussi notre langue.



Yola Minatchy



Notes

(1) Quelques programmes de la semaine de la langue française en 2011

En France : http://www.dismoidixmots.culture.fr/
En Belgique : http://www.lalanguefrancaiseenfete.be/
Au Cambodge : http://www.itc.edu.kh/webitc/
En Inde :
http://www.actupondy.com/fr/component/eventlist/details/89-cinema-alliance-francaise-pondichery
A La Réunion :
http://www.2011-annee-des-outre-mer.gouv.fr/programme/recherche-par-lieu/120/reunion.html
A Maurice :
http://www.facebook.com/group.php?gid=106543429378682&v=wall&viewas=0


(2) Voir la vidéo « interdiction de parler français chez les flamands » où l’humoriste francophone François Pirette « piège » l’administration communale de Dilbeek :
http://www.wat.tv/audio/pirette-interdiction-parler-2ckxt_2exyf_.html

Relevons quant à l’accent dit belge, dont on a toujours fait référence dans l’hexagone, qu'il s’agit de celui du flamand lorsqu’il accepte de s’exprimer dans une langue pour lui étrangère, le français ; ou encore celui des locuteurs du Brusseleir, un parler populaire d’origine brabançon-flamand avec des influences espagnoles et françaises. Les francophones de Bruxelles et de Wallonie ne sont pas concernés par cet accent.

(3) Empire colonial belge : Bankibazar actuelle Ichapur au Bengale Inde (de 1717 à 1731) ; Santo tomas de Castilla au Guatemala (de 1841 à 1854) ; le Congo (1885 à 1960) ; le Ruanda Urundi (1919 à 1960) ; Tianjin en Chine (de 1902 à 1931) ; Isola Comacina en Italie (de 1919 à 1920) .

(4) Pour plus d’informations sur la situation économique de la Belgique, lire :
Flandre Wallonie. Quelle solidarité ? De Michel Quévit aux éditions Couleurs livres.