22 mars 2012 - L'eau, bien commun de l'humanité







LES MONOPOLES DE L’EAU,
UNE VIOLATION DES DROITS DE L’HOMME ?



« La planète peut pourvoir aux besoins de tous,
mais non pas satisfaire la cupidité de certains »
Gandhi








© World Water Day


Après le sommet de Rio, le 22 décembre 1992, l’Organisation des Nations Unies (ci après « O.N.U ») a adopté une Résolution A/RES/47/193 qui consacre le 22 mars de chaque année "Journée mondiale de l'eau".

Cette Résolution a pour objectif d’inviter les États à mener en ce jour des actions de sensibilisation du public par des publications, des diffusions de films-documentaires, l'organisation de colloques, de tables rondes, de séminaires, d’expositions, liés à la conservation et au développement des ressources en eau et à la mise en œuvre des recommandations des textes adoptés par l’O.N.U.

Après quinze ans de controverses, le 28 juillet 2010, l’Assemblée générale de l’O.N.U a reconnu dans une Résolution de compromis l'accès à une eau de qualité et à des installations sanitaires comme un droit de l’Homme, et ce, un texte adopté à l’initiative du président bolivien Evo Moralès.

Le texte stipule précisément que : « le droit à une eau potable propre et de qualité et à des installations sanitaires est un droit de l'homme, indispensable à la pleine jouissance du droit à la vie". En somme, dans sa Résolution, qui a obtenu 122 votes, et 41 abstentions, l'Assemblée générale des Nations Unies reconnaît chaque être humain doit avoir accès à une eau salubre.

Les Etats membres des Nations Unies ont également rappelé l'engagement de la communauté internationale à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement de l’année 2000, plus particulièrement l'objectif 7 de ce texte qui prévoyait de « réduire de moitié, d'ici à 2015, le pourcentage de la population qui n'a pas d'accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services d'assainissement de base ». Les textes des Nations Unies relatifs à l’eau ont notamment pour but d’exhorter tous les pays à développer une gestion plus intégrée de leurs ressources en eau, ainsi qu’à adopter des programmes favorisant une utilisation plus efficace de l'eau.

En effet, si l’eau demeure une ressource indispensable à la survie humaine, à ce jour, rappelons que 1,4 milliards de personnes n'ont toujours pas accès à l'eau potable et que près de 4 milliards d’êtres humains ne bénéficient pas de conditions sanitaires convenables. Plus préoccupant, 24.000 enfants meurent chaque jour de maladies liées à la consommation de l’eau sale.

Certes, l’eau, ressource publique, est repartie de manière inégale à la surface de notre globe terrestre. Cependant, ce bien commun qui appartient à toute l’humanité, est pourtant accaparé puis géré comme un bien économique par quelques entreprises détenant les monopoles en la matière. Source de profit pour ces multinationales, avec des prix soumis aux lois du marché, force est de constater que l’eau est traitée plus comme une marchandise à rentabiliser, sous couvert de politiques néo-libérales, et non comme un droit de l’Homme.

A ce propos, Vandana Shiva, prix Nobel indien, martèle que « en ce moment, quelques géants contrôlent le marché de l'eau et convoitent l'ensemble des ressources en eau douce de la planète; il s'agit de Bechtel (Etats-Unis), Suez (France), Vivendi (France), Lyonnaise des eaux (France), RWE/Thames Water (Allemagne et Royaume-Uni) et Saur (France)… Malgré les beaux discours, ce qui est recyclé en ce moment, ce n'est pas l'eau, c'est l'argent. La Banque mondiale récolte de l'argent public des pays du Nord, elle crée un ensemble de fonds immenses qu'elle prête aux pays pauvres à certaines conditions - comme la privatisation de leur eau par exemple - et cet argent est utilisé pour financer les projets de Suez et compagnie… » Extrait d’une interview du Docteur indien Vandana Shiva, prix Nobel alternatif (1993), à l’Association pour le Contrat Mondial de l’Eau.

La privatisation de l’eau représente bien l’obstacle fondamental au droit d’accès concret de l’eau potable pour tous les êtres humains.

Certes, si l’acheminement de l’eau justifie un coût financier, ce dernier devrait être adapté aux moyens des consommateurs. Et ce, dans la mesure où les populations les plus démunies, ne survivant parfois avec moins de deux dollars par jour, ne peuvent s’acquitter des prix de plus en plus exorbitant de l’eau à l’orbe de la planète.

Ainsi, bien que le droit à l’eau soit inscrit dans nombre d’instruments internationaux en vigueur, en tout état de cause, ce droit de l’homme semble encore pour l’heure allègrement sacrifié sur l’autel du profit des multinationales.

L’eau constitue la ressource naturelle qui ne manquera pas de générer à terme le plus grand nombre de conflits sur notre planète.
En ce 22 mars 2012, malgré la multiplication des initiatives collectives et individuelles mondiales, de congrès en colloques, le constat demeure alarmant sur le terrain.

D’où la nécessaire solidarité internationale envers les populations privées d’eau potable dans nombre de pays et notre appel afin de lutter par ailleurs ensemble contre le gaspillage généralisé et indécent en Occident.

Yola MINATCHY



Voir :









l'eau potable, un droit pour tous par wagues








Lire :

http://www.unwater.org/downloads/UNW_brochure_FR_webversion.pdf

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