Hommage à Benazir Bhutto

‘Jeunes Juristes Francophones’ condamne en ce 27 décembre 2007, l’assassinat de l’ancien Premier ministre du Pakistan, Madame Benazir Bhutto, commandité par les ennemis de la démocratie.

‘Jeunes Juristes Francophones’ rend hommage à une figure légendaire pakistanaise qui luttait à deux semaines des élections législatives pour le retour de la démocratie au Pakistan après huit années de dictature militaire.

‘Jeunes Juristes Francophones’ salue courage de Benazir Bhutto.

La Présidente,

Yola MINATCHY

Le Secrétaire général,

Parvèz DOOKHY

The death of the French culture

Le magazine Time a mis en ligne un article intitulé "The death of the French culture".

Cet article dresse un tableau noir de la chute de l'iinfluence de la culture française, notamment cinématographique. La situation pourra être aussi alarmante en matière de la culture juridique si de fortes mesures ne sont pas prises par les instances de la Francophonie.

Le droit d'expression française doit être repensé de sorte à ce qu'il puisse reconquérir le monde.

Le droit doit être simplifié, modernisé et humanisé par la jurisprudence. Un droit commun aux pays de jurisfrancité doit émerger.

Parvèz DOOKHY

De la cacophonie dans la francophonie

Suffit-il d’aimer la langue française pour la défendre ? La question est posée de cette manière car peut-on vraiment imaginer que toutes celles et tous ceux qui la défendent l’aiment et, inversement, toutes celles et tous ceux qui ne la défendent pas, ne l’aiment pas? Mais s’agit-il de la défendre ou de la promouvoir ou les deux à la fois puisqu’elle nous est si chère ?

On veut plutôt croire que celles et ceux qui l’aiment la promeuvent davantage qu’ils la défendent. La défense de la langue française s’articule très souvent autour de l’ampleur qu’a prise et continue de prendre la langue anglaise. Il y a réaction mais pas d’action propre, pas d’initiative en soi.

La prédominance de la langue anglaise s’explique essentiellement par l’histoire de l’Angleterre. Il fut un temps bien connu où elle était le seul pays à gouverner pratiquement le monde. La perspicacité anglaise, ce que l’on a aussi appelé la ‘diplomatie anglaise’, est que l’Angleterre ne s’est pas brutalement imposée mais a plutôt cherché la coexistence, ce qui a eu pour effet majeur de la permettre de mieux subtilement et durablement s’installer et contrôler ; elle s’adapte aux réalités qu’elle veut changer. Tout était dans l’art et la manière de faire ; c’est tellement british, disent surtout les français, qui ont, semble-t-il, oublié que ‘petit à petit l’oiseau fait son nid’. Les idées les plus simples aboutissent souvent aux choses les plus extraordinaires.

Il se trouve aussi que les grandes inventions, les grandes découvertes scientifiques et les grandes théories économiques qui constituent la base matérielle du monde moderne et qui relèvent de nos réalités quotidiennes, sont d’origine anglaise. A cela, il faut ajouter que l’une des grandes puissances du monde contemporain était une colonie anglaise. L’influence politique, sociale, culturelle, économique et commerciale de la langue anglaise était et est difficile à contrecarrer. L’histoire de l’humanité nous enseigne, en effet, que chaque ère a sa langue universelle.

Que faire dans une telle conjoncture pour mieux promouvoir la langue française qui elle aussi a connu ses heures de gloire ? Sans doute la réponse vient encore une fois des anglais : if you can’t beat them, join them, si vous ne pouvez les battre, rejoignez-les ! Concrètement, cela signifie qu’il faut aborder la promotion de la langue française, non dans un esprit de concurrence ou de compétition, ce qui amène à vouloir à tout prix neutraliser l’adversaire, mais dans un esprit de coopération et de coexistence, ce qui implique qu’il n’y plus d’adversaire mais que des alliés. Au lieu de rechercher l’exclusivité et le monopole, recherchons l’épanouissement commun ; dans la mesure du possible, il faut promouvoir la langue française sans vouloir faire barrage à l’évolution de la langue anglaise car, comme toute autre langue, elles appartiennent au patrimoine culturel de l’humanité toute entière. Dans cet ordre d’idées, personne ne verra d’inconvénient à ce qu’on enseigne et parle le français, ou tout autre langue, en Angleterre, aux Etats-Unis d’Amérique ou ailleurs, et qu’on enseigne et parle aussi l’anglais, ou tout autre langue, en France ou ailleurs. Ce sera une façon très commode et pratique de les promouvoir et les défendre. Toutes celles et tous ceux qui les aiment viendront les apprendre et les parleront sans qu’elles leurs soient imposés. Ainsi, ne serait-il pas utile et efficace d’enseigner le français par le biais de la langue anglaise dans l’ensemble des pays anglophones ?

En même temps, chaque pays fera la promotion de sa langue tout en s’adaptant à la situation internationale du langage. La France, pays originel de la francophonie, sera bien inspirée de hausser de quelques crans le niveau du français dans l’hexagone, particulièrement dans les médias et écoles. Ce n’est pas une question de manque de moyens mais d’état d’esprit. On gagnera beaucoup à tirer profit de la grande ouverture d’esprit des anglais. La querelle des langues sème trop la zizanie et va, de nos jours, jusqu’à interdire, dans certains cas, la mise en place de gouvernement. Une langue ne s’épanouit que si elle est librement acceptée, bien enseignée et couramment pratiquée.

A ce propos, Shakespeare et Molière doivent impérativement se rencontrer très bientôt, en l’absence de traducteurs, pour discuter seuls de l’avenir des langues dans l’Union européenne et l’Organisation des Nations Unies, en qu’elle langue s’exprimeront-ils ?

Nada Rengasamy Savan

Docteur en droit, Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne)

CAPA, Ecole de formation au Barreau (Paris)

L’ère de la défrancisation

Pour une francophonie défrancisée, ou des francisés ?

Le français comme signifiant peut se référer à la langue française, au peuple français, à la culture française, pour ne mentionner que quelques acceptions.

L’anglais pourrait signifier pour le britannique une langue et non pas nécessairement pas le Royaume-Uni ; pour l’américain, une langue, sans pour autant dénoter les États-Unis ; ainsi pour l’australien, l’indien, le pakistanais, pour ne citer que ceux-là.

Le français comporte une unité du signifiant pour désigner tant l’expérience culturelle (comprise ici dans un entendement large et commun) que son expression ; communément, la langue et sa culture. L’unité du signifiant a causé une unité de pensée unique en la matière. Ce qui rend parfois difficile la distinction entre langue et culture française.

A cette confusion s’ajoute une négation, une impression partagée hors de l’hexagone française. La culture française pourrait être négatrice de la culture de l'autre (les différents bouleversements médiatiques récents, bien que s’insérant dans des perspectives débattues à la française, sont appréciés différemment hors de l’Hexagone; de l’extérieur, on apprécie l’état d'un peuple, sa capacité de porter le flambeau de la civilisation, et pour cela, ce qu’il fait de la valeur de l'autre).

Il existe beaucoup de peuples qui ont, pour diverses raisons, le français comme langue, tous sans distinction, ayant sur un pied d’égalité la même prétention, riches ou pauvres. On a parlé du « français en partage ». Le français leur appartient comme il appartiendrait à la France.

De la confusion qui s’instaure par l’unité de signifiant, il existe une confusion du destin du français, comme lié à la France. Or ce ne peut être le cas.

L’incapacité politique française de voir les choses sur des horizons internationaux, et de comprendre les vrais enjeux, même l’intérêt de la France, est marquante. (La francophonie fera la France, et non l’inverse. Et celle-ci n’a pas trop de choix : aller vers l'autre, ou ne pas être).

Il existe en ce sens une franco-francophonie, qui a été peut-être également synonyme de francophonie. Or il devient impérieux de défranciser la francophonie. Ce n'est pas une option, ni pour la France, ni pour tous ceux qui ont le français comme langue, mais une nécessité, d'abord identificatoire, mais plus profondément, civilisationnelle, que demande le destin du monde. L’anglais se généralise, parce que l'autre devient le relais de la langue, l'autre est complément nécessaire de projet de civilisation, que ce soit à l’intérieur des pays représentant le noyau anglophone, qu’à l’extérieur de ces pays. Il n’existe pas d’assimilation dans l’anglophonie, entre culture et langue ; la langue hérite des cultures les plus opposées et diversifiés, mais ce vecteur commun de l’anglais reconnaît tous comme référence de soi, au niveau de la langue, sans pour autant être négateur, il appartient à l’autre au même titre qu’à un locuteur mythique.

Contrairement à une certaine pensée pessimiste, la francophonie est à faire et à définir. Elle est à naitre. Pour cela, il nous faut une francophonie défrancisée ; une francophonie de l'autre et non une francophonie des francisés. Une distinction magique qui va créer soudain un monde, un espace universel francophone, ayant la langue comme dénominateur commun soutenue par une richesse de cultures, et non pas de la sècheresse d'une culture unique, d'ailleurs considérée négatrice. Le destin aura alors des tours cachés. Faire de l’autre culturel un soi linguistique, serait une alliance de la plus haute civilisation de nos jours.

Riyad Dookhy, Barrister de Gray’s Inn, Londres

Président de la Société des Juristes francophones du Commonwealth

Le respect de la diversité culturelle

« Je ne veux pas que ma maison soit fermée
de tous les côtés et que les fenêtres
en soient obstruées. Je veux que les cultures
de tous les pays imprègnent ma maison
aussi librement que possible,
mais je refuse d’être emporté
par l’une ou l’autre d’entre elles. »

Mahatma Gandhi

Un des objectifs de JJF est de contribuer au respect de la diversité culturelle.

Notre action consiste notamment à promouvoir la pluralité des cultures présentes sur les cinq continents, malgré leurs différences.

Le respect de la diversité culturelle représente la condition fondamentale, nécessaire au dialogue des cultures, à la paix, au Vivre ensemble avec nos différences, c’est à dire indépendamment de nos particularités ethniques, raciales, religieuses, sociales. Ce respect de nos différences suppose notamment que les Etats garantissent à leurs composantes des moyens réels afin de cultiver et de transmettre leur différence identitaire.

Enjeu de justice sociale, la diversité culturelle ensemence la liberté de chacun, l’égalité de tous sur la base d’un engagement marqué des Etats, des institutions, des mouvements associatifs, de la société civile, de tout acte citoyen.

Plusieurs instruments normatifs reconnaissent la diversité culturelle comme un héritage commun de l’humanité à préserver. Ils considèrent sa sauvegarde comme un impératif éthique, inséparable de la dignité humaine.

L’essentiel des textes en cette matière a été élaboré par l’OIF, l’UNESCO, le Conseil de l’Union européenne, l’ONU. Ces institutions restent les plus grands défendeurs de la diversité culturelle sur la scène internationale.

Dans le même sens, JJF condamne tout processus d’uniformisation culturel dans un contexte de mondialisation.

Le 21 mai a été proclamé journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement.

Yola MINATCHY

Avocate au barreau de Bruxelles